mercredi 14 mars 2018

Clin d'oeil : Parce que je déteste la Corée, un roman de CHANG Kang-myoung



Parce que je déteste la Corée de CHANG Kang-myoung : on aborde le roman tranquillement et à mesure que défilent les pages, le lecteur se dit "c'est un roman bien simple; des phrases bon enfant, du style ça se lit sans difficulté, voire même un roman sans intérêt ou à tout le moins, un roman factuel". Seulement voilà une histoire qui, pense-t-on, est simpliste, d'une jeune femme qui veut émigrer en Australie, avec tous les ingrédients des interrogations, de remise en question, les étapes depuis l'arrivée à Sidney jusqu'aux amours tronquées, aux petits emplois, des logements exigus ou partagés à dix, à la difficulté de parler anglais. Mais l'histoire va en crescendo car il y aura deux retours en Corée (du Sud) avec un regard ébouriffé de la jeune femme sur les êtres laissés derrière elle et revus lors de ces retours, l'homme avec lequel elle avait rompu au moment de son départ pour l'Australie. Et de nouveau les questionnements avec - et c'est là où s'impose ce titre Parce que je déteste la Corée - un regard plus incisif, très critique, un tantinet violent, de l'auteur (qui est journaliste de profession), brossant un tableau qui n'est idyllique que pour les gens aisés, les gens sortant des grandes universités comme l'Université de Corée ou celles de Goryeo et de Yonsei. Au bout de la route Corée-Australie-Corée-Australie, la Corée n'est plus détestée autant mais elle n'est pas non plus aimée, elle est seulement celle qui chante un hymne national demandant que le Ciel protège la Corée mais pas ceux qui s'y trouvent sous ce ciel. On lui préfère l'hymne national australien car, pour l'héroïne de l'histoire, il est celui qui chante "Australiens, réjouissons-nous car nous sommes jeunes et libres". Bien sûr, au fil des pages, il y a quelques orages sous le ciel australien et de légères allusions au racisme mais le roman ne va pas jusqu'à "désenchanter" l'Australie, l'héroïne choisissant pour toujours d'y rester. Aux éditions Philippe Picquier - Une traduction de Lim Yeong-hee et Mélanie Basnel.
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