samedi 30 juillet 2016

Walaa al Joundi, la voix qui vous ressuscite



Seize ans, elle s'appelle Walaa al Joundi. Elle est la voix libanaise du futur. Un répertoire classique, elle maîtrise aussi bien le mouwwachah que la qaçida. Abdelwahab, Om Kalthoum, elle fait une approche de leur répertoire qui vous oblige à prêter attentivement l'oreille. Fraîcheur, personnalité "propre" qui force à être attentif à la progression de cette jeune chanteuse qui n'a pas encore tout donné. Une carrière dont les premiers pas ont été faits, non pas sous les spots hyper-commerciaux de la variété telle que nous la connaissons aujourd'hui : un simple produit publicitaire. Élève de l'Institut Antonine de Beyrouth, elle nous éloigne du clinquant et nous fait renouer avec la bonne lignée 'kalthoumienne' et 'fairouzienne'. Elle est notre coup de coeur et pas seulement de cet été. 





Tahar Bekri : le chant du Mûrier triste dans le printemps arabe



Mûrier triste dans le printemps arabe, un recueil dont le printemps récurrent au long de ses pages n’oublie ni l’hiver ni l’exil, ni la guerre. Tahar Bekri devient chroniqueur d’une histoire déchirée et pleine d'espoir de la patrie d’origine du poète, ensuite de lieux auxquels il s’identifie quasi intimement. Fluidité du mot et, derrière, la tourmente. Une structuration du poème en visions multipliées mais comme s’il ne faisait qu’un avec elles. Mais, aussi, une sorte de sérénité car sa poésie détourne la violence pour asseoir le dit du printemps qui voyage ainsi à Lisbonne, à Palmyre, de guerre en guerre, Haïti, au pays de Nazim Hikmet auquel le poète confie son exil dont il dit : « Mieux vaut être étranger que chien fidèle avec laisse ».
Chaque poème est une pièce plantée dans une réalité qui peut paraître échotière mais que l’écriture sensible et profonde transforme en une révélation d’intériorité. Doublée du vœu opiniâtre de Tahar Bekri de vouloir rêver « de moissons claires ».
À lire inconditionnellement ce recueil, miroir de pays exposés en autant d’espérances s’adressant au Mûrier triste dans le printemps arabe, un mûrier qui résonne comme une flûte imprégnée d’une sourde affliction :

« D’étranges corneilles
Ont volé ta floraison
L’ombre confondue avec le soleil
Il est loin le chant que j’ai élevé
Parmi tes solennels feuillages
La Nuit lourde de son sommeil 
[…]

Dis mûrier
C’est d’aube écarlate que tu te nourris
Ou de chenilles dévorant tous ces papillons



Éditions Al Manar
Paris

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