mercredi 6 mars 2013

Taos Amrouche, la perdrix des At Wertiran



Evoquer Taos Amrouche non pas parce qu’elle était la sœur du poète francophone algérien, Jean el-Mouhoub Amrouche, c’est évoquer la romancière, la poétesse et l’interprète talentueuse, somptueuse, faite de cette terre du Maghreb, pétrie dans la magie du terroir kabyle comme une étoile qui s’est éclipsée un jour d’avril 1976, à l’âge de 63 ans (France). Elle fut bouleversante, elle fut modeste, elle fut une culture s’embrasant dans plusieurs voix par le chant du sacre, par celui de l’exil, par celui d’une école dont on a, aujourd’hui, la nostalgie. Au centenaire de sa naissance, le 4 mars dernier, où était le souffle de Taos Amrouche ? Perché sur un amandier, adossée au mont Djurdjura, sous la brise tunisienne où elle grandit avec son frère et y vécut durant quarante années ?

« Elle a souri.
Comme un roseau sa taille a ployé. »
(Taos Amrouche)

Du côté officiel, le silence sera le même qu’il le fut pour Jean Amrouche. Mais beaucoup sont présents, saluant sa mémoire et des journaux algériens iront de leurs écrits.

Langue amzighe, langue française, elle oscillait, voguait comme une algue emportée par le flux, Taos Amrouche écrira : « La fatalité qui me poursuit, je sais aujourd’hui qu’elle est le lot de tous les déracinés à qui on demande de faire un bond de plusieurs siècles [...] Ni Racine, ni Mozart ne m’eussent manqué. C’est la civilisation qui a fait de moi cet être hybride. »

« Femmes vénérées des At Wertiran
Vous êtes roses comme des perdrix »
(Taos Amrouche)

Elle fut deux voix unies en une : celle de l’écriture et celle du chant fusionnées avec la terre ancestrale. Voici ce qu’écrira Aimé Césaire : « Quand on cherche des témoignages de mondes disparus, on pense tout naturellement à la pierre : monuments ou statues. Mais que dire de la voix humaine ? Du cri ? Du chant ? C’est ce plus émouvant, que nous apporte Taos. Chants populaires, chants sacrés, débris de liturgie ? Je ne sais, mais je sais que nous les restitue de manière proprement bouleversante la voix âpre, somptueuse et chargée d’aromates de Taos. Chants magnifiques qui nous atteignent en plein cœur, montés du fond des âges. »

A lire
. Le grain magique. Contes, poèmes et proverbes de Kabylie, Maspéro Editions, Voix, n° 13, Paris 1966, sous la signature de Marguerite-Taos Amrouche.
. Jacinthe noire,  éditions Joëlle Losfeld, Paris 1996 (première édition 1947, Charlot, Paris).
. Grandeur de Taos Amrouche, de Denise Brahimi, éditions Chihab, Alger.

A écouter « Chant de danse »




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