mercredi 30 mars 2011

Yasmine Khlat, un auteur qui veut "rester dans la distance"...


« Vous me direz au crépuscule »... Que voilà un roman dense, bien que d’une écriture minimaliste dans le bon sens du terme ! Dense d’émotions contenues, laissant libre l’imaginaire du lecteur qui parcourt les mots, interrogateur et recherchant désespérément les réponses. Yasmine Khlat, son auteur, dira pourquoi l’absence de toute réponse dans l’interview accordée à notre Rédaction. L’on demeure pantois devant tant de silences, celui de trois femmes dont deux s’enferment dans un dialogue qui est posé là, comme gouttes d’eau dans le désert émotif qu’est leur histoire, la troisième passe, par à coups, présente pourtant entre les repas et une tasse de thé. Le thème central qui ne s’avoue pas clairement – le suicide – plane mais rien ne transparaît. Comme si l'écrivaine libanaise aurait voulu en dire plus mais que sa parole demeure en suspension, comme une branche brisée, faite de sentiments impalpables mais tout en profondeur. Un livre dont elle dira être des univers où « le souffle du vent dans les arbres est partout pareil ». Tout comme quelque part en préambule, cette phrase poignante, proche de la dramaturgie : « Et la solitude d’une femme est partout pareille »... L’interview ci-dessous de Yasmine Khlat renforce davantage cette impression de vouloir « rester dans la distance » ainsi qu'elle l'écrit.

Arabian People : Vous venez de dédicacer votre roman "Vous me direz au crépuscule" au 31e salon du livre de Paris. En le parcourant, le lecteur reste sur quelque chose d'inachevé, sur une question demeurée sans réponse ...
Yasmine Khlat : Un roman ne peut donner toutes les réponses. Il est là pour en poser. Pour participer à une réflexion.

Arabian People : Qui des deux personnages féminins de votre livre est le plus fusionnel avec vous : Hortense ou Claire ?
Yasmine Khlat : Les deux. L’une du côté de la jeunesse et l’autre, de la maturité.

Arabian People : Les autres personnages sont posés, ça et là, comme à la fois accessoirement et protagonistes. N’êtes-vous pas, en quelque sorte, injuste avec eux ? Parce le lecteur veut en savoir plus sur Marie qui ne fait que poser déjeuners et tasses de thé, et sur Anis, sur lequel repose tout le silence de Claire...
Yasmine Khlat : Merci pour votre belle question. Pour ce regard posé sur Marie, la servante. Elle se tient entre clarté et mystère, mais dans une place qui me semble centrale comme le cœur d’un triptyque. Il y a bien là trois femmes : Hortense, Claire et Marie. Quant à Anis, le silence de Claire fait écho à son propre silence. Son absence.

Arabian People : Pourquoi ce titre sibyllin de « Vous me direz au crépuscule » ? Il semble planer comme un doute, comme une fuite ? Car lorsqu’on entre dans cet univers que l’on ne peut saisir, il nous paraît estompé dans la pénombre de sentiments non dits ...
Yasmine Khlat : Ce titre renvoie à cet instant au crépuscule, où Hortense fait à sa jeune assistante Claire, un aveu. Celui de sa détresse. Mais en même temps, il s’adresse au lecteur. Invite à la lecture, certes, mais aussi à la parole. Il me semble que ‘Vous me direz au crépuscule’ est un livre qui cherche à dénouer les solitudes.

Arabian People : Nous avons pris pour habitude de finir une interview par la même question : si vous deviez vous représenter par un mot, quel serait-il ?
Yasmine Khlat : Permettez-moi de ne pas m’inscrire dans une définition précise. Je suis simplement dans le mouvement de l’écriture.
_____________________________
"Vous me direz au crépuscule" est paru aux éditions de La Revue Phénicienne - Place du Musée - BP. 11-221 - Beyrouth, Liban.

lundi 28 mars 2011

Horizon festivals

Parlez-nous de bougeotte artistique, nous vous répondrons ... festivals ! La saison des festivals commence, dans un brouhaha politique dont on ne sait ce qu’il en ressortira, tout en espérant qu’il n'en sortira que du bien...

Festival du film amazigh (19-23 mars 2011, Algérie)
Cette 11e édition qui selon nos sources a été très prometteuse : débats, conférences et, bien entendu, filmographie. Le festival s’ouvre sous le signe du charmant et idyllique port d’Azzefoun (Algérie) où de grandes collines et de falaises herbeuses et bien rondes plongent en douceur dans la Méditerranée.

Le créneau que représente la culture amazighe est dans sa montée car un événement analogue a lieu aussi, chaque année, au Maroc. Reconnu en 2005 par le ministère de la culture algérien, le Festival du film amazigh s’est définitivement fixé à Tizi-Ouzou, après un grand périple à travers des villes d’Algérie et de France. Le summum de cette rencontre qui devient un véritable label du monde du cinéma est le prix Olivier d’Or ainsi que des prix d’encouragement.

Festival de Fès sur la culture soufie (16-23 avril 2011, Maroc)
Dans ses 5e retrouvailles, le festival met à l’honneur les « Figures féminines du Soufisme ». Malgré ce thème prometteur, le festival présentera surtout des poètes soufis et les ensembles musicaux des confréries bien connues comme les Tarîqa Siqilliyaa, Qadiriyya Boutchichiyaa et Charqawiyya du Maroc. Des voix féminines seront entendues aussi mais qu’en est-il des conférences sur, précisément, les figures féminines du soufisme comme Rabiaa al-Adawiyya, Rāyi‘a bint Ismā‘īl ?..
Al-Bustan International Festival of Music and the Arts, commencé le 22 février dernier, au Liban, s'est terminé dimanche 27 mars 2011.
Créé en 1984, le festival présente chaque année, à la même époque, une trentaine de prestations musicales durant cinq semaines : musique de chambre, opéra, solistes violon. A l’exception de l’Orchestre philarmonique libanais ou quelques solistes libanais comme Gilbert Yammine au qanun (cithare orientale), peu de place est faite, cette année, aux musiciens et interprètes du Liban comme dans les années 1998 et ces dix dernières années.

Festival international du Cinéma méditerranéen de Tétouan (26 mars-2 avril 2011, Maroc)
Le 17e festival présente, pour cette année, une cinquantaine de films arabes, maghrébins et européens qui seront courronnés par plusieurs prix : Prix long métrage, Grand Prix de la ville de Tétouan, Prix Mohamed Reggab, Prix spécial du Jury (le réalisateur marocain Mohamed Reggab est décédé en 1990), Prix Azzeddine Meddour pour la première œuvre (le réalisateur algérien est décédé en 2000), Prix d’interprétation Masculine, Prix d’interprétation féminine, Prix du Public, Prix court métrage et Grand Prix de la Ville de Tétouan.
D'autres récompenses sont également au tableau d'honneur : Prix du Jury, Prix Innovation, Prix Documentaire, Grand Prix de la Ville de Tétouan, Prix du Jury offert par la chaîne de télévision Al-Jazzira Doc, Prix TV5 Monde.

> Catégorie long métrage La Mosquitera, de Agustí Vila (Espagne) Kosmos, de Reha Erdem (Turquie) Le Quattro Volte, de Michelangelo Frammartino (Italie) Angèle et Tony, d’Alix Delaporte (France) La bella gente, d’Ivano De Matteo (Italie) La Place, de Dahmane Ouzid (Algérie) ■ Deux filles d’Egypte, de Mohammed Amine (Egypte) Libres d’aimer, de Abdelhaï Laraki (Maroc) La mosquée, de Daoud Oulad Sayed (Maroc) 678, de Mohammed Diab (Egypte) Damascus avec mon amour, de Mohammed Abdelaziz (Syrie).
> Catégorie court métrage Garagouz, d’Abdenour Zahzah (Algérie) Khouya, de Yanis Koussim (Algérie-France) Vendeur des fleurs, de Ihab Jadallah (Palestine-France) Mokhtar, de Halima Ouardiri Canada-Maroc) Coup de soleil, de Karim Debagh (Maroc) Rouge pâle, de Mohammed Hammad (Égypte) Mawlana, de Ezz El-Deen Ragab (Egypte) El Batn El Hoot, de Hazim Betar (Palestine-Jordanie) Onze repas, de Louise Hémon (France) Khorosho, de Miguel Angel Jiménez (Espagne) El orden de las cosas, de César y José Estéban (Espagne) Nolya, de Cem Oztufekci (Turquie-France) Vers le nord, de Youssef Chebbi (Tunisie-France) Face à la mer, de Olivier Lousta ( France) Deu ci sia, de Gianluig i Tarditi (Italie) Casus Belli, de Gergio Zois (Grèce) Clics et Déclics, de Abdelilah El-Jaouhary (Maroc).
> Catégorie Documentaire En attendant Abou Zayd, de Mohammad Ali Atassi (Liban-Syrie) Zmanna, de Jalil Daoud (Maroc)  Zahra, de Mohamed Bakri (Palestine)  Les hommes debout, de Jérémy Gravaya (France)   Chou Sar?, de De Gaulle Eid (France/Liban/Palestine)  Sombras, de Oriol Canals (France)   Calle de la Pietà, de Mario Brenta et Karine de Villers (Italie)   Living Skin, de Fawzi Saleh (Egypte)   Israël vs Israël, de Terje Carlsson (journaliste en free-lance suédois)   Viva le cinéma, de Mokhtar Ladjini (Tunisie)   Abdelkrim et la guerre du rif, de Daniel Cling (Maroc/ France)   Les tortues ne meurent pas de vieillesse, de Hin Benchakroun et Sami Mermer (Maroc).

mercredi 16 mars 2011

Le Salon du Livre 2011


Les lecteurs auront le plaisir de voir Monia Boulila, qui anime de temps en temps la rubrique Poésie d'Arabian People & Maghrebian World, au Salon du livre 2011 à Paris qui ouvre ses portes vendredi 18 mars 2011.

Pour les amateurs de poésie, la poétesse tunisienne vient de publier un nouveau recueil de poésie, "Ailes et frissons" paru aux éditions L'Or du Temps, à Tunis (voir couverture). Elle sera présente au stand de la Tunisie (X44).



Auteurs en dédicace
Vendredi 18 mars 2011
> Rachid BOUDJEDRA "Hôtel Saint-Georges"
18h30 - 19h30 - Stand N04, éditions Grasset et Fasquelle
> ABD AL MALIK
"La guerre des banlieues n'aura pas lieu"
20h00 - 20h30 – Stand W53, France Télévisions
> Hédi BOURAOUI
"Cap Nord", poèmes
15h00 - 16h00 - Stand U31/X60, Québec Editions
Samedi 19 mars 2011
> Abdalah BAIDA
"Au fil des livres, chroniques de littérature marocaine de langue française"
17h00 – Stand X34, ministère de la Culture du Maroc
> Tahar BEKRI
"Salam Gaza", "Le livre du souvenir", "Enfances tunisiennes"
14h00 - 17h00 – Stand X44, Union des Editeurs Tunisiens
L’auteur fera aussi une dédicace dimanche au même stand, de 16h à 18h.
> Djilali BENCHEIK
"Tes yeux bleus occupent mon esprit" et Beyrouth Canicule"
17h00 - 19h00 – Stand X44, Union des Ecrivains Tunisiens
L’auteur fera une dédicace dimanche 20 mars au même stand X44
> Tahar BENJELLOUN
"Jean Genet, le menteur sublime"
18h00 - 19h30 – Stand N34, Gallimard
> Hédi BOURAOUI
"Cap Nord", poèmes
12h00 - 13h00 - Stand U31/X60, Québec Editions
L'auteur fera une dédicace dimanche 20 mars, de 18h00 à 19h00, au même stand.
> Hayat EL YAMANI
"La cruche cassée"
14h30 - 16h30 – Stand M24, Anne Carrière Editions
L’auteure fera une dédicace dimanche 20 mars au même stand, de 16h30 à 18h30.
> Yasmine KHLAT
"Vous me direz au crépuscule"
15h - Stand X22, Liban
> Kaouthar MESSAOUDI
"C'est la faute a Jane Austen"
15h00 - 18h30 – Stand C24, Publibook
Dimanche 20 mars 2011
> ABBAS Ali
"Le combat"
15h00 - 16h00 – Stand D53, Polka Magazine
> Yahia BELASKRI
"Si tu cherches la pluie, elle vient d'en haut"
18h00 - 19h30 – Stand U52, Librairie du Sud
> Tarek ISSAOUI
"Bleu univers"
16h00 - 17h00 – Stand T43, Stéphane Million Editeur
> Mohamed MASMOUDI
"Kairouan, la durée"
11h00 - 13h00 – Stand X44, Union des Editeurs Tunisiens
> Malika MOKEDDEM
"La désirante"
16h30 - 17h30 – Stand N04, Grasset et Fasquelle

Les exposants
Les exposants du Proche-Orient arabe sont malheureusement et quasiment absents, pour les raisons conjoncturelles que l'on connaît mais, aussi, parce que ces pays à l'exception de l'Egypte et du Liban, n'ont pas une dynamique stratégique de la littérature vers l’international. Pour le Maghreb, celui-ci occupe, tout de même, une grande part du monde littéraire de la Méditerranée mais on se préoccupe de la situation de celui-ci au regard des librairies qui sont portion congrue alors que les écrivains se bousculent aux portes des éditeurs assez frileux pour les publier... qui font une exception pour des auteurs déjà publiés à l'étranger. Ce qui est dommage car les talents ne manquent pas au Maghreb...

Algérie
ENAG Editions – Stand X32 Plume Magique – Stand C48
Emirats Arabes Unis
Sharjah Department of Culture & Information – Stand Y32
Liban
Ministère de la Culture – Stand W42 Samir Editeur (http://www.samirediteur.com/) – Stand X22
 Tamyras, maison d'édition (www.tamyras.com) - Stand X22
Maroc
Ministère de la Culture (http://www.minculture.gov.ma/) – Stand X34
Tunisie
Service de coopération et d’action culturelle – Stand X44 Union des Editeurs Tunisiens – Stand X44

-°°°-

Dans l'agenda du salon, les auteurs nordiques sont à l'honneur cette année. Parmi eux, signalons la présence d'un jeune auteur suédois Jonas Hassen Khemiri. Il sera à l'auditorium du Centre national du livre, vendredi 18 mars de 20h à 22h, pour une rencontre autour du roman "L'étranger".
Le romancier a publié de nombreux livres lui ayant attiré la faveur des nominations et des prix. Son roman "Montecore, un tigre unique" (2006), traite de l'immigration et de la montée du racisme et s'inspire de son expérience, car il est né en Suède d'un père tunisien et d'une mère suédoise.
S'affirmant auteur écrivant dans sa langue maternelle, le suédois, il répondra, lors des Assises internationales du roman, en mai 2008, à Lyon : "... dans mon premier roman qui s'appelle Un œil rouge, il s'agit d'un garçon de quinze ans qui écrit un journal et la langue qu'il utilise devient un outil servant à la création d'une identité. Il écrit dans un suédois écorché, qu'il invente lui-même afin de lutter contre ce qu'il appelle le "plan d'intégration". Il écrit avec beaucoup de fautes de grammaire et d'orthographe. Mais chaque fois que quelqu'un dans le livre parle en arabe, il commence à écrire ça, tout le dialogue, dans un suédois impeccable. C'était pour moi une manière de jouer avec les préjugés des lecteurs. Au début, il y avait des lecteurs qui pensaient que je ne savais pas parler suédois. Mais en fait, le personnage principal utilise la langue pour prendre de la distance par rapport à l'identité suédoise." (LEMONDE.FR du 23.05.08)
popstrap.com cookieassistant.com