mercredi 11 mai 2011

Le 64e Festival de Cannes : réalisations Tunisie et Liban en sélection

Le 64e festival de Cannes déroule son tapis traditionnel, ce jeudi, sous la présidence de l'acteur états-unien Robert de Niro. Beaucoup de productions, cette fois, qui ne viennent pas des Etats-Unis. Pour changer. Cependant, pour cette nouvelle saison cannoise, il n'y a pratiquement pas de productions cinématrographiques du côté arabe et maghrébin. Et pour cause ... certainement, en raison de l'actualité.

En « Séances spéciales », le long métrage documentaire Plus jamais peur » de Mourad Ben Cheikh, sur la Révolution tunisienne et dont la projection aura lieu, le 20 mai, à 17 heures. Mourad Ben Cheikh a un curriculum vitae impressionnant en matière de documentaires très élaborés comme Histoires en Méditerranée ou Retrospettiva del cinema arabo.
Côté sélection officielle « Un Certain Regard », présidé par le cinéaste Emir Kusturica, nous avons Where do we go now? (Et maintenant, on va où?), le film libanais réalisé par Nadine Labaki et co-produit par Tarek Ben Ammar.
Les acteurs : Anjo Rihane, Julien Farhat, Mostafa Al Sakka, Kevin Abboud, Petra Saghbini, Yvonne Maaloouf, Layla Hakim, Claude Baz Moussawbaa, Nadine Labaki, Antoinette Noufaily.
L'histoire : Un village isolé et entouré par des mines, les femmes chrétiennes et musulmanes conspirent pour empêcher les hommes de se battre. Elles inventent toutes sortes de prétextes pour les distraire et les détourner des échos de la guerre qui parviennent au village... mais un jour, le drame arrive...

Cela n'est pas sans rappeler la pièce Les oiseaux d'Aristophane où les femmes décident de déserter le lit conjugal pour empêcher leurs hommes de faire la guerre.
Nadine Labaki a réalisé une comédie romanesque Sukkar banat et interprété un rôle dans Bosta de Philippe Arinctingi, aux côtés de Rodney El-Hadda et de Nada Abou Ferhat.


samedi 7 mai 2011

France : 6e Panorama des Cinémas du Maghreb

Pour sa 6e édition, le Panorama des Cinémas du Maghreb (Cinéma L’Ecran de Seine-Saint-Denis et Indigènes du Film, en partenariat avec l’Association Coup de Soleil, l’organisatrice du Salon Maghreb des Livres) est présent dans plusieurs cinémas parisiens et hors Paris : le Cinéma des cinéastes (Paris 17e), cinéma L’Entrepôt (Paris 14e), Saint-Denis, le 6B (voir http://www.le6b.org/), cinéma L’Etoile de La Courneuve, Le Studio d’Aubervilliers, l’Espace 1789 de Saint-Ouen et le Trianon de Romainville et, bien sûr, le cinéma L’Ecran où ont lieu également des projections.

Cette grande rencontre a une programmation très chargée avec une trentaine de films dont dix-neuf courts métrages du Maroc, d’Algérie et de Tunisie, en présence des réalisateurs invités et des longs métrages de fiction inédits : « Pégase » de Mohamed Mouftakir (Grand prix du film national de Tanger), « Vers le Nord » de Youssef Chebbi (Tunisie) qui est un court métrage aux superbes jeux d'ombre et une bonne musique générique ou « La Mosquée » de Daoud Aoulad-Syad (qui a été récemment couronné par le Grand Prix du 17e Festival international du Cinéma de Tétouan) dont la projection-rencontre a eu lieu, le 4 mai, en soirée d’ouverture...

Le coup de coeur d'Arabian People & Maghrebian World est « La colline oubliée », un film d’Abderrahmane Bouguemouh qui a adapté au cinéma le livre du grand romancier algérien Mouloud Mammeri, disparu en 1989. « La colline oubliée » a été la première oeuvre de l'écrivain (1952) auquel on doit aussi une oeuvre magistrale, « Les Isefra », une anthologie traduite en langue française de l'inoubliable barde de la Grande-Kabylie (Algérie), le Prince des Errants et des Exilés, Si Muhand U M'Hand...
Le film est en version originale -amazighe de la Kabylie- sous-titrée français, et sera projeté, samedi 7 mai (17 :45) à L’Ecran 1.

Une table-ronde sur « Les sociétés en mouvement : les citoyens cinéastes au cœur de la refondation du cinéma du Maghreb » est prévue en clôture, dimanche 8 mai (Ecran 2), à 14 heures. En soirée, le Prix du court métrage 2011 et celui du « Coup de cœur du public » seront annoncés. La clôture se fera avec un concert de Saïd Mesnaoui.



Contact : 01 49 33 66 88
Lieux : Cinéma l'Écran, (14 passage de l'Aqueduc, 93200 Saint-Denis) et dans les sept salles partenaires citées ci-dessus.



dimanche 1 mai 2011

Intermède avec Patricia Elias, « debout sur des sables mouvants »...



Patricia Elias et le calligraphe-sculpteur libanais
Rudy Rahmé (avec l'aimable prêt de la poétesse -
reproduction interdite)

Patricia Elias ... univers feutré vous faisant entrer par la porte cachée de l’émotion pour vous en faire ressortir, glorieux, sur les marches de la mystique et du profane intimement liés. « Si mes colères et mes lois / Font trembler les hommes qui / En Ton nom ont foi » déroulent pas à pas et en crescendo, le doute et la certitude, cette poétesse, si ancrée dans notre réalité devenue à ce point fantasmagorique, transcende la Lumière sacrée et la fait irradier sur ses «intimes émotions » à travers l’amour profane des « frêles doigts » et « dans la tempête des désunions » ?

Au fur et à mesure du voyage, suspendu aux lèvres qui lisent la poétique de Patricia Elias, le regard se rend compte de son propre dénuement – au sens spirituel du mot – et si elle ne prétend pas au rang de mystique, elle en approche la lucarne...

Au fur et à mesure du voyage, la pensée se tourne vers l’Aimé et l’aimé, ensemble unis dans une symbolique lumineuse comme ces « chemins de l’alliance » où « quelques pas suffiront / à sauver la lumière essentielle »...

La lecture est aisée, fluide mais la profondeur, elle, est extrême. Bien souvent, son écriture est à tort traduite par des termes fleuris bien éloignés de cette profondeur – ce qui ne lui rend pas justice car, même si la poétesse libanaise tente de demeurer ici-bas,

 « Vents furieux captifs de la passion.
Des voies sourdes me soulèvent
Puis me jettent en violentes rafales,
Contre toi, contre ta peau »

... elle s’accomplit en un amour transfiguré du Téos qui magnifie l’amour sacré, à l’exemple du chant de Salomon dans le « Cantique des cantiques » :

« Je t’ai aimé comme on aime la vie et ses mystères,
Me suis éprise de ta foi
Quand la solitude refusait mes prières.
C’est auprès de toi que je prends mon repos.
Viens donc, mon bien-aimé, sortons de la nuit,
Le matin nous attend
Sur les monts embaumés.
Reprends ta mélodie,
Le psaume des amants sages,
Sois l’infini et la lueur du jour…
Avance sur les cendres impuissantes
Et laisse-moi guider ton corps
Vers les rives de l’amour. »

Doux bruit du Verbe qui efface toutes les douleurs, toutes les amertumes ! Et nous laisse, non plus esseulés ou brisés sur « les rives de l’amour », mais fait, comme elle l’écrit, purifier notre âme pour qu’elle s’élève, « pour frôler » l’Existence de Celui qui se cache tout en lumière dans nos âmes qui se sont abandonnées sur l’autel de l’oubli et, ainsi :

« Visiblement perdus dans un monde mis à nu,
Approcher le déluge, aux maux céder refuge.
Quoi de plus fondé aux âmes sous le ciel,
Sans frayeur vivre de paix,
Partager l’immortel.
Je m’engage à lutter sans armes aux bras,
Quelques lames de bois pour écrire Ton nom
Partout où j’irai…
»


Patricia Elias, poétesse libanaise, vit à Beyrouth où elle est directrice des Éditions de La Revue Phénicienne. Elle s’implique dans des actions comme la Croix rouge et le Croissant rouge libanais comme elle s’était impliquée dans l’opération « 100 poèmes pour la paix au Liban ». Auteur de « Désir d’infini » (calligraphie de Rudy Rahmé) et « Née du silence », elle a été récompensée pour ce dernier recueil par le Grand Prix de la Société des Poètes Français en 2003.
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