mercredi 29 avril 2009

De Nemours à Nemours


du 13 au 27 juin 2009

Exposition de cartes postales de Nemours (Algérie) 


à la Bibliothèque municipale de Nemours (France)


présentée par Zohra Maldji, auteur(e) frangérienne (voir notre article paru dans le n° 7 du 4 mars 2009).
L'exposition met à l'honneur le port algérien de Ghazawet qui fut appelé Nemours durant près de 150 ans de présence française. Un rendez-vous historique entre deux villes, au passé et à la géographique différents mais jumelles par leur nom. Un parcours de longue haleine que l'initiatrice de l'exposition a remonté à travers plusieurs centaines de cartes postales anciennes et d'aujourd'hui et par la rencontre de personnages publics ou moins connus qui ont vécu et ont participé à l'histoire du Nemours algérien d'antan. L'exposition fait aussi un panorama de photographies des anciens et des actuels habitants de ce charmant port de pêche méditerranéen. 


Bibliothèque municipale 
2, rue Gaston Darley Tél. : 01 64 28 31 17 
Mail : bibliotheque@ville-nemours.fr 
Site : http://www.ville-nemours.fr/

vendredi 17 avril 2009

Belaïd Brakni : auteur et maire de tous les courages

C’est au 60e Salon du Livre de Paris qu’ Arabian People & Maghrebian World a rencontré Belaïd Brakni, charmant monsieur, aux yeux d’eau grisée, frêle et doté d’un calme, que ses racines méditerranéennes démentiraient tant il se démarque par sa sérénité placide. Pourtant, il est né sur la terre algérienne, pleine de remous, de douceurs violentes et de piquants parés des teintes lilas, ocre ou brunes des montagnes de l’Atlas. 
B. Brakni
Photo Arabian People
& Maghrebian World.

Fils de la Grande-Kabylie, il raconte, dans le livre qu'il dédiçait au Salon, la « vie très dure » et la « course contre la montre pour survivre », par-delà les années de guerre d’indépendance et ses expériences d’élu de la petite bourgade de Souama dont il sera maire durant cinq années. « Je pense, écrit-il dans ses "Mémoires d’un ancien maire", que nous étions, nous devions suivre le chemin de l’école telle qu’elle était. Couvert d’un burnous de couleur blanche, je ressemblais aux livres que nous distribuait gratuitement l’instituteur. Symboles d’enfants disciplinés avec les cahiers bien soignés, les mains propres, nous faisions nos devoirs à la lumière d’une lampe ». Et ces lignes nous rapprochent d’un autre enfant de la Kabylie, Mouloud Feraoun, avec son « Fils du pauvre »… paru quelques années avant la naissance de Belaïd Brakni. L’un comme l’autre diront le monde de leurs mères respectives et des femmes de leur terre ancestrale, hommes reconnaissants envers la tendresse parfois rude de celles-ci.

Belaïd Brakni
y parle d’un maquisard, les mains liées, poussé par la soldatesque, un certain été 1958, alors que l’auteur était encore adolescent : « Da Kasi retourna sa langue dans sa bouche plusieurs fois en regardant l’assistance, essaya tant bien que mal à prononcer : « Vive l’Algérie ! » Il le répéta plusieurs fois avant d’être abattu. Les femmes poussèrent des youyous pour rendre hommage à sa bravoure et à son martyre. Les journées se suivaient et se ressemblaient : toutes noires. » L’auteur nous promène avec lui durant le long périple imagé et plein d'émotions qu'il suivra jusqu'à l’indépendance de son pays, les espérances puis l’ère des désillusions. Elu maire de Souama, en 1999, il invoque « l’idée que les hommes du système rentier eussent une détermination absolue, nous bouchaient l’avenir, nous enfonçant de plus en plus dans la misère morale. »

Il dira aussi sa foi dans la bataille des hommes pour faire « le point de nos idées afin d'aller vers une nouvelle culture démocratique. [...] Je ne me démoralisai pas, quels que soient les résultats de cette bataille pour la démocratie, excellents ou bien abominables. J'adorais mon pays autant que ma mère. » ... tout en se demandant « pourquoi collectivement la société évolue dans l'inconcevable »... Un auteur de talent et de courage. 

« Mémoires d’un ancien maire » - Ed. Publibook, Paris - 148 p., 18 euros.

Talents à découvrir : Nora Mellal ou la poésie en gestation

Précédant le 60e Salon du Livre de Paris de mars dernier, le Printemps des Poètes s’est tenu à la Bibliothèque de Coulommiers (France). La soirée poétique animée par Philippe Berling, directeur d’une troupe de théâtre de la même ville, a révélé une jeune poétesse non encore connue jusqu’à présent, au talent des plus prometteurs. Nora Mellal a lu un Slam improvisé sur l’instant, défiant ainsi sa timidité du premier pas face au public. 

Nous avions déjà rencontré
Nora Mellal au cours du Maghreb des Livres, en février 2009. Cette jeune femme, alliant intelligence et modestie, nous avait parlé de ses premières créations poétiques dont elle nous fit la primeur. La poétesse possède un talent incontestable que l’on ne peut ignorer. Née dans la campagne picarde (Aisne, France), élevée comme elle le dit « dans une petite bourgade bien française » avec « une enfance ordinaire, une scolarité ordinaire » mais « réussie » passée au sein d’une famille d’origine marocaine, qui lui inculquera à la fois la culture chleuh et le souci d’aller jusqu’au baccalauréat, option latin, qu’elle obtiendra en 1999. 

Après des études en Lettres modernes à Lille,
Nora Mellal se nourrit au « métissage culturel » où, dit-elle, « j’ai découvert la littérature maghrébine », approfondissant son approche, par la suite, par la lecture d’auteurs marocains dont elle avait eu un avant-goût par le fait de Driss Chraïbi, écrivain que la sœur de la jeune femme avait pris comme sujet pour sa Maîtrise de littérature. De son côté, une Maîtrise sur Molière témoigne, comme elle ajoutera, de son « amour pour la littérature classique française ». Depuis 2005, la jeune poétesse aborde l’enseignement d’abord à Lille, puis aujourd’hui, à Coulommiers, calme petite ville non loin de la région parisienne. Ainsi son contact permanent avec la littérature l’amènera à passer à l’art poétique car, nous a-t-elle confié, « écrire de la poésie est certes difficile car il faut être capable de donner à voir en quelques mots ce que nous-mêmes, nous avons pris pour émotion. Chaque poème écrit répond à un défi, celui de la création... » Ce défi, nous le voyons dans son écriture, inspirée à la fois de la poésie dite « moderne » du dernier quart du 20e siècle et de cette nouvelle forme d’expression venue des Etats-Unis, le Slam : elle y met une touche soyeuse, pleine d’imageries, en symbiose avec la rythmique d’aujourd’hui et la peinture d’hier … « La Nuit Chahutée, prise à partie Des silhouettes se dessinent Dans la caverne sentimentale Se dressent d’anciens amants Ils ont quitté leur divan de grèves ».

Et
Noral Mellal, de nous ouvrir un lieu ancestral, avec son regard bien ancré dans son univers littéraire français mais forgé d’avec les souvenirs d’un passé reconnu via les yeux de son peuple chleuh : « Espace enivrant Le hammam Les femmes, la Femme Corps dénudés Corps libérés Secrets en liberté […] Colloque féminin Des voix s’élèvent inaltérables » ...
Arabian People & Maghrebian World
espère voir, un jour, cette jeune poétesse publier un recueil qui, soyons certains, offrira bien des surprises.

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